Mohamed Ait ben ouissaaden

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Entretien avec Mohamed Ait ouissaaden (artiste peintre ,calligraphe et icônographe)

Callighraphie et couleurs

Almaghreb : Comment êtes - vous venu à lacalligraphie ?

Mohamed Ait Ouissaaden : Je crois que mon intérêt pour la calligraphie a pris naissance alors que j'étais élève dans une Institution educative de l'Etat à Marrakech. A côté d'autres disciplines, je recevais aussi un enseignement coranique, et le fait d'écrire des textes sacrés m'a marqué, d'où ma référence récurente au Livre Saint chaque fois que j'ai à former des lettres .Avec le temps j'ai pris beaucoup plus conscience de l'importance culturelle et artistique que peut avoir avoir la calligraphie et depuis je la travaille dans ce sens.

Almaghreb : Ne croyez - vous pas que la calligraphie avec sa manie de la précision, son application dans le dessin des lettres...a fait son temps ? Que c'est là un "art" démodé ?

Mohamed Ait Ouissaden : Pour moi,la calligraphie a toujours fait partie intégrante de notre patrimoine culturel. C'est un fait de civilisation arabo-musulmane indéniable.Elle ne peut être considérée comme démodée puisque,elle est un reflet authentique de notreculture artistique. Puis il y a l'arabesque que j'utilise à des fins plastiques propres.Je pense au contraire que la calligraphie doit être mieux exploitée.Chez nous,le côté iconographique a étè suffisament négligée.On devait introduire ---et c'est ce que j'essaie de faire --- des préoccupations narratives dans le processus calligraphique,raconter avec et par les lettres des sequences coraniques , obtenir en quelque sorte le fond par la forme, en visualisant dans la plus parfaite harmonie le but esthétique de l'artiste.

Almaghreb : Vous utilisez aussi la couleur,est-ce une façon de faire mieux accepter les textes calligraphiées ?

Mohamed Ait Ouissaden : C'est pour donner à la lettre un contexte plus hamonieux,plus avenant.Les couleurs utilisées ne sont pas forcément choisies au préalables. J'agis d'une maniére disons spontanée. La couleur, c'est aussi une ouverture à la modernité, compte tenu que la calligraphie en tant que telle demeure une valeur et une preuve induscutable de notre authenticité.Les couleurs "ajoutées" me semble compléter le "sens" des textes,et conférent à la figure des lettres une tenue plus plastique.Ce sont des couleurs paisibles,qui donnent plus de relief au récit calligraphié.

Almaghreb : Avez-vous des projets ? Et continuerez-vous toujours dan cette voie ?

Mohamed Ait Ouissaden : je pense que oui, la calligraphie est un champ d'invistigation infini; mais la prochaine fois, la lettre ne sera plus présente de tout son poids dans ma recherche. Je voudrai renouveller ma vision, pensant que, avec l'exposition-ci, j'ai épuisé ce que j'avais à produire. Il n'y aura plus de phrases ni même de mots produits en entier avec toutes les contraintes du métier. Certes,la lettre existera toujours mais plutôt suggérée.L'arabesque prendra la place qui lui reviendra...En attendant je tarvaille.

Propos recueillis par A.Benhamza Revue Almaghreb-culturel (13/08/95)

Mohamed Ait Ouissaaden a commencé à exposer dès 1990

__ Au Festival de la calligraphie organisé à Rabat (en mars 1990 ) par le Maghreb Arab et l'association culturelle d'Angad où il a réçu un prix de merite.

__ Dans le hall de la Direction des Beaux-Arts (1995) sous l'égide du Ministère des affaires cultureles.